Forum social : la tête à l’emploi

Epargné par un relatif beau temps, le forum social, organisé sur l’espace du Boulodrome de Saint-Paul ce dimanche, a tenu certaines de ses promesses en ayant par exemple rassemblé des associations et plusieurs centaines de personnes entre les ateliers du matin et les synthèses de l’après-midi. Les débats ont été relativement fructueux (parfois un peu tendancieux), animés par tout un chacun, par des personnes du public concernées au premier chef par les enjeux de la société réunionnaise tels que l’emploi.

Lors de l’atelier « emploi », de jeunes chômeurs, très alertes, ont interpellé l’auditoire, en mettant le doigt, non sans finesse, sur les points d’achoppement de l’emploi à la Réunion. Mais aussi sur des blocages qui dépassent le cadre économique : des blocages d’ordre psychologique, touchant à l’identité et à l’histoire de la Réunion, ou encore d’ordre institutionnel voire constitutionnel. Sur ces derniers points, les jeunes orateurs (se) posent des questions sur le rôle des collectivités et sur le poids des dispositifs à la Réunion loin d’être en phase avec les problématiques insulaires. Ces jeunes en difficultés bien que diplômés, mais ayant la tête sur les épaules, ont fustigé l’emploi des cadres à la Réunion, car pour eux, une grande part de ces administratifs ne seraient pas sélectionnés ici. Les grands groupes dont le siège social se trouvent ailleurs qu’à la Réunion (par exemple en France), choisissent plus facilement des cabinets en bas de chez eux, sur les bords de Seine ou à Neuilly pour recruter des cadres qui auront plus d’affinités avec le groupe qu’avec la Réunion. Une logique qui leur est propre et que ne partagent naturellement pas nos jeunes postulants qui ont choisi, lors de cet atelier de témoigner de leur bouillonnement mais aussi de faire des propositions réformistes sur le statut de l’île…  ou sur des règles instituant une forme de préférence régionale.

Globalement de sérieux constats lors de cet atelier, des témoignages à chaud, des allégories pour parler parfois d’une révolution musclée nécessaire. Peut-être serait-il temps, en effet, de passer à la vraie démocratie. Lors de l’atelier “démocratie”, un intervenant est intervenu sur une vieille pratique démocratique qui, si elle était appliquée, aurait le défaut certain de déplaire fortement aux professionnels de la politique. Que se passerait-il, en effet, si désormais un gouvernement devait être déterminé par le fait du hasard, par simple tirage au sort ?

Autre enjeu, autre thématique : l’autosuffisance alimentaire. Si, au cours de ce forum, on a parlé quelque peu de colonialisme en pensant à nos institutions ou à des personnes, il a été aussi question du colonialisme de la société de consommation dans laquelle nous vivons, autrement dit de l’emprise de nos désirs de consommation. Il serait temps là aussi de faire chacun notre révolution, en révolutionnant notre façon d’acheter. Aussi, face à la menace des OGM qui s’insinuent sournoisement dans nos aliments, face aux Grandes Surfaces qui ne souhaitent que se multiplier sur un si petit territoire, au préjudice des revendeurs locaux et des marchés péi, il serait temps de trouver une parade, des idées pour sensibiliser et pour changer la donne. Voilà un peu ce qui a été dit au cours de cet atelier

Didier Bourse, président d’ATTAC, a insisté sur le fait qu’il ne fallait pas que parler, ni se cantonner à des rencontres tous les semestres, dans le cadre des forum, mais qu’il fallait pouvoir aussi se retrouver plus régulièrement, en marge des forum, pour peaufiner les actions nécessaires. Fort de ses 70 adhérents, il semble que l’association ATTAC soit, après des années de flottement, en ordre de bataille.

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